ROD STEWART, CONCERT À LAS VEGAS
par Franck Laurençon
De Lugdunum, capitale des Gaules, à l’hôtel Mirage, Las Vegas Boulevard.
Écoutant un soir Rod Stewart avec ma compagne, chantant à tue tête I don t want to talk about this, se dire : le voir en vrai, pensant à cette génération d’artistes qui naturellement s’amenuise au fil des ans ; voyons où ce bon vieux Rod se produit en ce moment : Edimbourg, Dublin, Glasgow : pas trop loin en fait, mais les dates, les vols ne nous arrangent pas. Puis, en faisant défiler la souris :
Rod Stewart le 11 novembre au Caesar Palace de Las Vegas.
WOUAH, une affiche alléchante. Pourquoi pas ? On y va, chérie ? Oui. On achète la place sur Ticketmaster, pas si simple d’acheter une place de concert outre-atlantique ; plus facile, par contre, d’acheter un billet d’avion et trois nuits d’hôtel. L’idée n’était pas de faire du tourisme : trois jours à Vegas, voir Rod et rentrer.
Il y a plus court pour aller dans le Nevada, mais Air France nous propose Lyon-Amsterdam, Amsterdam-Detroit, Detroit-Las Vegas et trois nuits d’hôtel au Mirage historique, et mythique hôtel casino de Vegas.
Un trajet de vingt-quatre heures nous attend.
Départ dans la nuit fraîche de Lyon, le 10 novembre ; la pluie et la grisaille hollandaise ; quatre heures de transit. Premiers pas posés sur le sol américain quelques heures plus tard – avec les fuseaux horaires on ne sait plus. Si. Neuf heures. Et l’inévitable rencontre avec les agents de l’immigration US. Le gars ne rigolait pas. Il m’a demandé la raison de ma présence aux « states », je lui ai répondu avec mon anglais impeccable : i go to Las Vegas for the Rod Stewart concert.
Troisième avion. Rempli d’Américains, celui-là, qui partaient s’amuser le week-end à Vegas (comme ici, un week-end à Deauville).
20h49. Enfin Vegas ; sortir de l’aéroport et, pour faire simple : la fatigue – on prend le premier pick-up noir qui nous amène à l’hôtel pour 100 dollars, la circulation est difficile, Las Vegas se prépare à accueillir un grand prix de formule 1, le week-end prochain. Le taxi nous pose où il peut. Il nous indique d’un geste de la main où se trouve l’entrée de l’hôtel.
Nous voilà devant The Mirage, nous faufilant entre les machines à sous. Nous trouvons la réception de l’hôtel. Une bonne heure pour se faire enregistrer. Les claviers d’ordinateurs américains n’ont pas la cédille: pas de Franck Laurençon dans leur registre. Ma Sandra anglophone, malgré la fatigue, nous obtient une chambre surclassée au 25 étage ! Vue sur le Caesar Palace.
L’option cédille réglée, mon i-phone n’a plus de batterie et les prises électriques américaines … Ben, elles sont américaines ; la recherche donc d’un adaptateur. Il n’y a pas que de grands building et de grands hôtels à Vegas, il y a aussi des boutiques où l’on trouve des cigarettes des boissons de quoi manger des médicaments. Et ce foutu adaptateur. 40 dollars.
Enfin, se poser dans la suite, et prendre conscience. ON EST À LAS VEGAS BORDEL !
Comme Joe Pesci hurlant devant Robert de Niro…
Première nuit à Las Vegas, et souvenir d’un petit déjeuner au burger-frite ; découverte de la ville de jour, des joueurs de black-jack à 9 heures du matin puis de la musique dans tous les coins de rue, jamais le silence .
Nous nous sommes présentés au Colosseum du Caesar une bonne heure avant le début du show ; une dizaine de personne se trouvait déjà là, devant l’entrée. Ils passaient le temps devant les machines à sous. Le Caesar Palace, ses couloirs, ses moquettes, m’ont fait penser au Grand Rex à Paris – ces salles a l’ancienne ; la classe à l’ancienne.
ROD STEWART
L’ambiance musicale crooner des années 50 avant l’ouverture du rideau, et le voilà ! Émotion, excitation, émerveillement. Rod Stewart arrive ébourriffé, souriant, drôle, communicatif. Sa présence seule fait du bien. Avec sa tenue de scène colorée, c’est le Rod Stewart que je voulais voir. Il a voulu conquérir l’Amérique en 1975, il est resté Écossais. Il y a le groupe, et deux violons l’accompagnent. Il aime les belles femmes. C’étaient deux très belles violonistes.
Le concert a duré deux heures environ. Au cours de ces deux heures de concert, à deux ou trois reprises, il a annoncé avec simplicité et humilité être « a little tired »… Il ira reprendre des forces dans sa loge : ses musiciens et le public tout entier passeront ces moments de repos dans un immense respect.
Maggie May, I Don’t wan’t to talk about it, Tonight’s the Night, Young Turk (superbe version, instrumentalement simplifiée), Forever Young, The Firts Cut is the Deepest, Ever Seen the rain, The Killing of Georgie (que j’ai filmé quelques secondes à peine, j’avais bien d’autres chose à faire, je te montrerai ces quelques secondes si tu veux), You Are in my heart…
Le spectacle s’est terminé comme il avait commencé, comme un MIRAGE… Et racontant tout ça, ces sensations, toujours difficiles pour moi de mettre sur papier ; racontant tout ça, j’enfreins les lois.
Ce qui se passe à Vegas doit rester à Vegas.
Franck Laurençon, 10-15 novembre 2023