TLM : extrait (1’05) de l’émission La Quotidienne, Duncan s’occupe présenté par le libraire Nicolas Bonnier : « Dérangeant et intrigant ».
L’Écritoire de Muses :
Duncan s’occupe,
un roman paradoxal mêlant le trivial et le sublime
Par Annie Forest-Abou Mansour
2nde éditions / Illustration de couverture : Fred Le Falher / 160 pages / 18 € > acheter
Ce personnage nous ressemble bien plus que nous aimerions l’avouer.
LITZIC
Kerry Legrès in Focus Littérature : « J’ai adoré Duncan, mais j’ai si honte »
FOCUS LITTERATURE
Je ne sais même pas par quoi commencer tant cette lecture a été déboussolante. Je suis même incapable de vous dire si j’ai aimé ou non. Ici, je pense que j’ai détesté aimer ou aimé détester ? On m’avait prévenue, ce livre on l’aime ou on le déteste
Les éditions sans crispation / Collection ROMANS
Duncan s’occupe est le seul et unique roman de David Laurençon. Dans cette seconde édition à peine modifiée, nous retrouvons un Duncan toujours aussi solaire et amoureux passionné de Wagner, Rossini et Coltrane… Un jeune homme à la fois tendre voire lyrique, et provocateur s’occupant comme il le peut…
“Duncan s’occupe est un roman picaresque qui se déroule dans un monde devenu un vaste cabaret peuplé de filles blafardes et protégé du vide par un immense zinc crênelé de bouteilles d’alcool. Duncan attise sa souffrance dans une cuite sans fin, une manière de chevauchée vers une introuvable aurore.
C’est donc un grand livre d’aventures où il est question d’alcools forts, de pillages, de flibustières, d’un pirate ; mais aussi d’un chevalier au lion, parce qu’il s’agit d’une histoire d’amour, parce qu’il s’agit d’un livre romantique si l’on n’oublie pas que le romantisme a à voir avec la mort, les nuits blanches, les excès, et toutes ces petites morts entre les jambes écartées d’une amour défunte.
On pense certes à quelques auteurs étasuniens mais le temps et l’espace de Duncan sont les nôtres. Et si à la lecture de Duncan on rougit, c’est pour cette littérature chichiteuse et constipée qui est la nôtre et qui se replie de plus en plus, par frilosité, dans les feuillées d’un passé poussiéreux, et dans des lits aux draps trop propres (même pas défaits), et où les pages paires on lit « je t’aime » mais « je ne t’aime plus » les pages impaires, et cela pendant des kilos de pages jusqu’au « je te re-aime » final.
Pendant que Duncan s’occupe, c’est sûr qu’un vrai livre se fait”.
> Thierry Girandon
« Une claque dans la figure si agréable qu’on en redemande, des discussions qui résonnent longtemps après, une fois ce livre terminé ».
Par Ophélie Curado, pour le défunt Le coin littéraire :
Ce roman de David Laurençon, au ton irrévérencieux et surprenant, est tout à fait superbe. Dans le style du grand-maître John Fante, une pointe de vulgarité comme chez Emmanuelle Bayamack-tam ou encore emprunt de la crudité érotique et malsaine de Sade et d’Apollinaire, ce roman s’offre comme un souffle nouveau balayant les canons littéraires. Un chef-d’œuvre de l’inconvenance, apologie du sexe et de la sodomie, mettant en scène Duncan, un personnage avide de péchés que nous détestons tout autant que nous l’aimons à en mourir, rien que pour ses beaux yeux.
Si nous aimons des auteurs d’un amour puissant, comme s’il s’agissait presque de nos frères, de nos meilleurs amis, de nos compagnons de vie ; des écrivains d’une époque que nous n’avons pas connue, appartenant à ces entités littéraires presque intouchables et sacrées, il arrive parfois que nous croisions quelques miracles, de fervents disciples, des échos littéraires à nos plus grands coups de cœur. David Laurençon fait partie de ceux-là. Et son roman, Duncan s’occupe, s’offre comme l’une des plus belles découvertes littéraires de ces dernières années.
Sur les traces de John Fante, grand-maître italien du roman de l’errance et de l’impudeur, David Laurençon nous sert sur un plateau d’argent, Duncan, son personnage, d’une puissance caractérielle à toutes épreuves, empêtré dans ses contradictions, amoureux du sexe comme d’une drogue, aveuglé par l’appel de la chair, aliéné par les bas appétits de l’être humain. Irrévérencieux, décadent, noyé dans ses idées et sa vision de la vie comme on se noie, ivre, dans 50 centimètres d’eau ; Duncan devient immédiatement notre pire ennemi et notre meilleur ami. Toujours à traîner dans le lit de jeunes étudiantes perverses et folles, dans celui de femmes mûres et repoussantes, mais qui ont toujours quelque chose à offrir, traînant son corps entre les bars et les rues malfamées, Duncan incarne avec charme et style, le parfait héros littéraire, à la fois repoussant et incroyablement attirant.
John Fante lui-même, avec son célèbre Arturo Bandini dans les années 40, poussera sur le devant de la scène littéraire, ce même personnage de dépravé duquel nous tombons facilement amoureux, pour lequel nous pourrions mourir. Enivré par l’alcool et le sexe, Duncan s’affirme alors comme notre compagnon de route, l’ami qui ne nous apporte que des problèmes, le mari qui abuse de nos faiblesses, le frère que nous ne pouvons nous résoudre à abandonner, l’amant dont nous ne savons pas nous passer. Et rien que pour cette puissance du héros, rien que pour la richesse du caractère et son étoffe, extirpant ce personnage de sa structure de papier ; nous ne pouvons que saluer la performance de David Laurençon qui, par son écriture affûtée, sa plume acerbe, par les langages crus et vifs de ses personnages, se hisse au rang des plus grands auteurs du roman déroutant.
Duncan s’occupe nous propose alors un homme qui, de par le titre du roman, cherche à s’occuper, remplissant ses journées autant que ses verres, par de l’alcool coulant à flots, s’en délectant comme un assoiffé dans un désert infini, amoureux des liqueurs comme de ces corps maigres de femmes faciles à qui il ment et qu’il jette comme des mouchoirs de poche. Ce roman semble donc répondre intrinsèquement à une question que nous prenons parfois le temps de nous poser : que faire aujourd’hui, comment occuper nos journées, comment remplir tout ce temps que nous offre la vie lorsqu’elle veut bien se montrer clémente avec nous ? Duncan, ivre de vie et de passion, semble répondre à sa manière, à cette question, non sans une philosophie et des prouesses de style que nous adorons rapidement.
La vulgarité et la crudité de certains propos, qui tantôt choquent le lecteur, tantôt le font frémir, conscient que ses yeux parcourent des lignes scabreuses mais délicieuses, rappellent le bouleversant roman d’Emmanuelle-Bayamack-Tam, Si tout n’a pas péri avec mon innocence, dans lequel nous retrouvons des scènes de sexe crues et dénuées de poésie, rien que pour la beauté du mot, rien que pour sa force, rien que pour le plaisir que l’utilisation de ce dernier, procure. Mais la vulgarité ne fait pas tout, elle est d’ailleurs loin de faire l’unanimité, loin d’être un gage de qualité. Voilà pourquoi, une nouvelle fois, nous ne pouvons qu’applaudir la force d’écriture de David Laurençon, nous offrant tantôt une crudité obscène, tantôt des phrases d’une beauté à couper le souffle. Le rythme de l’histoire, quant à lui, bat la mesure avec délectation, emportant le lecteur sans la moindre difficulté, presque estomaqué d’arriver à la fin d’un roman qu’il aurait voulu infini.
Le sexe quant à lui, pêché originel de tout être humain dépendant de la bouteille, ni Duncan ni le lecteur ne peuvent y échapper. Certaines tournures de phrases, certaines scènes obscènes ne sont pas sans nous rappeler Les Onze mille Verges de Guillaume Apollinaire ou encore les monuments littéraires du Marquis de Sade. Tout comme Fante avant lui, David Laurençon fait partie de ces auteurs qui savent parler de sexe avec crudité, de sodomie et de perversion sans tomber dans les bas-fonds de la littérature érotique. C’est d’ailleurs en cela, entre autres, que nous pouvons distinguer une belle plume qui, malgré des sujets triviaux, sait encore être littéraire, comparée à la placidité infecte de romans érotiques écrit rien que pour parler de sexe et faire vendre. Tout un monde gravite autour de l’approche de la sexualité et quand bien même elle sait nous offrir des scènes repoussantes et délectables dans un même temps, il faut avoir un sacré génie pour trouver les mots justes.
C’est pour toutes ces raisons et sans doute pour bien d’autres encore, que Duncan s’occupe s’affirme comme un roman à lire à tout prix. Un roman qui nous prend les tripes et nous les serre jusqu’à ce que, les yeux humides de larmes et le souffle court, nous arrivions à formuler entre nos lèvres pâteuses : « voilà un putain de bon roman ! »
La preuve rassurante qu’il existe de belles rencontres littéraires parfois, des partages entre auteur et lecteur, comme une main tendue que l’écrivain semble nous offrir, comme un sourire espiègle qui semble vouloir nous murmurer : « j’ai là la came parfaite qu’il te faut mon ami ! Un roman concentré, du nectar pur jus de ce que les mots ont à offrir, la preuve que tu attendais qu’il existe dans ce bas monde des mecs qui savent encore faire quelque chose de leurs dix doigts en tapant sur les bonnes touches. De l’imagination à revendre, des idées que seul un homme de talent peut coucher sur le papier. J’ai ici, entre mes mains, un de ces romans qui te donne l’effet d’une bonne cuite après une fête qui avait mal commencé, la preuve que la littérature contemporaine n’est pas périmée et qu’elle cache encore de beaux trésors en elle. Un roman comme une bonne bouffée d’air frais, une claque dans la figure si agréable qu’on en redemande, un peu d’opium pour oublier que tout n’est pas rose parfois, quelques caresses pour le réconfort, un peu de sexe pour l’adrénaline, des rencontres éphémères et des discussions qui résonnent encore longtemps après, une fois ce livre terminé.
C’est pour toutes ces raisons et sans doute pour bien d’autres encore, que Duncan s’occupe est un roman à lire avant la fin du monde. Un roman qui redresse notre bonne vieille littérature sur ces vieilles pattes, celles qui frappent le pavé depuis des siècles déjà. La preuve agréable et salutaire qu’un bon bouquin, qu’une bonne histoire, qu’une sacrée jolie écriture, décidément, c’est une belle définition de ce qu’est le bonheur !”
Ophélie Curado
« J’ai adoré Duncan, mais j’ai si honte… »
Par Kerris Legrès, [ > Focus Littérature]
Je ne sais même pas par quoi commencer tant cette lecture a été déboussolante. Je suis même incapable de vous dire si j’ai aimé ou non. Ça ne m’est arrivé qu’une seule autre fois par le passé et avec le recul, j’avais vraiment apprécié. Ici, je pense que j’ai détesté aimer ou aimé détester ? Je ne saurais pas encore vous dire en réalité, mais tout ce que je sais finalement, c’est que c’est ça l’Art, c’est ça la Littérature avec un grand L.
En fait, on m’avait prévenu, ce livre on l’aime ou on le déteste, il n’y a pas de juste milieu. Je ne vois pas comment cela pourrait être possible tout simplement. C’est un livre qui pue la souffrance, la déchéance et. C’est donc une histoire que tout le monde ne lira pas de la même manière, c’est aussi simple que cela.
Duncan, un jeune homme de vingt ans voit sa vie basculer quand sa petite amie le quitte (après qu’il l’ait frappée…), à partir de là commence un long processus d’autodestruction, plus rien d’autre ne comptera pour lui mis à part et le sexe. Il voguera tel un pirate de mer en mer, vivant de ses pillages de plus en plus nombreux et risqués, toujours accompagné de son plus fidèle ami : la boisson.
Je n’aime pas du tout les livres érotiques et pourtant celui-ci est rempli de scènes de sexe, de sodomies, de perversions presque, et cela ne m’a pas dérangé une seule seconde. Il faut croire que souffrance et dépravation font très bon ménage, bien plus que l’amour et le sexe. Étonnant ? Non, je ne pense pas, c’est juste qu’il ne s’agit pas de littérature pour petite ménagère qui s’ennuie, l’auteur ne cherche pas à faire vendre une histoire insipide vue et revue, ici l’auteur renoue avec le vrai sens du mot romantisme : expression la plus profonde des états d’âme d’un homme se battant contre ses sentiments et sa raison ” cherchant l’évasion et le ravissement dans le rêve, le morbide et le sublime, l’exotisme et le passé. Idéal ou cauchemar d’une sensibilité passionnée et mélancolique.“
En réalité, j’ai adoré. J’ai adoré Duncan, mais j’ai si honte de l’avoir apprécié et de l’apprécier encore. Lui, cet homme qui s’est servi de son affliction pour utiliser toutes ces filles et pour voler la virginité de certaines (entre autres). C’est un homme odieux, égoïste et inconscient, mais terriblement attachant malgré tout, sa souffrance étant universelle. Comment ne pas avoir envie de le serrer dans ses bras pour lui dire que tout ira bien ? Mais comment ne pas avoir non plus envie de lui secouer les puces pour avoir engendré tout ce mal autour de lui ?
L’auteur manie sa plume avec une vulgarité sans pareille, pour autant elle a ce je-ne-sais-quoi de poétique. Je ne cherche pas à savoir comment il a réalisé cet exploit, j’ai simplement savouré. Je n’ai pas vu la fin du livre arrivé à mon grand désarroi. A la fin de cette lecture, un manque subsiste… Bravo !
Bon… Oui, j’ai adoré en fait. Donc je vous le conseille à vous qui aimez sortir de votre zone de confort et qui n’avez pas peur de redécouvrir la Littérature !
Kerrys Legrès > focus-litterature.com
Duncan s’occupe de David Laurençon (Crispation Éditions)
Par Patrick Béguinel, pour LITZIC
Tout est là. La peur, la solitude, l’amour, les destructions, le pillage, l’eau de mer, le vin, l’ivresse des sens, du corps, de l’âme qui part en déliquescence. Le roman de David Laurençon bouscule et subjugue.
Duncan s’occupe à se détruire. Il tue ses bons côtés avec ses mauvais, s’oublie dans l’alcool et le sexe, pille l’âme des femmes comme un vampire en mal d’amour.
Mal d’amour, mal de vivre, mal de soi et des autres, sa quête obsessionnelle d’autodestruction le mène à trouver ses alter ego, galerie de personnages fracassés par la vie ou sur le point de l’être. Pourtant, la vie illumine le regard de cette faune interlope, comme le feu vacillant d’une bougie encerclée de courants d’air.
Crue souvent, l’écriture à cette force poétique de rendre beau le laid, attachant le détestable. Duncan est méprisable parce qu’il nous montre les vices cachés de tout un chacun, à commencer par les nôtres. Notre reflet dans le miroir quoi, ou du moins une partie non négligeable de celui-ci.
Pas nombriliste, il est un portrait de l’humain, tellement beau et si laid, tellement perdu et pourtant si sûr de sa parfaite imperfection. Duncan est fier, il parle en rime, détruit, pille les âmes esseulées comme pour trouver un pansement à sa propre détresse. Mais fier, il s’en défend, comme pour masquer toute la beauté qui, sous-jacente- irradie de son être.
Uppercuts et beuveries se côtoient. Les uns, verbaux, les autres liquides ou volatiles. La prose de David Laurençon nous saisit par les tripes, nous dépose dans un coin de notre psyché dont nous pensions avoir fermé la porte à double tour, de peur de nous réveiller semblables à nos cauchemars. Sommes-nous si vils ? Voulons-nous véritablement ressembler à ça ? Pas le choix, ainsi sommes-nous construits.
Cacher nos failles, cacher nos blessures, cacher notre humanité aussi, êtres animaux nous furent et nous restons. Le sens de la vie ? Une seule direction à suivre pour arriver à son but. Sens unique. Chercher l’amour, le vrai, chercher les réponses, les seules qui vaillent. Quel qu’en soient les moyens. Se perdre dans les autres, en soi, dans le fond d’une bouteille, peu importe.
Petite tape derrière la tête, comme pour mieux nous remettre les idées à l’endroit, non sans une parfaite dose de poésie d’un univers glauque en proie au désespoir cyclothymique d’un grand malade de la vie et de l’amour. Duncan s’occupe à se foutre en l’air, à s’envoyer de grandes rasades derrière la cravate, et il nous occupe à nous interroger sur les pourquoi et les comment.
Détestable et pourtant tellement entier, ce personnage nous ressemble bien plus que nous aimerions l’avouer. Et David Laurençon de signer un livre entre urgence et métaphore de l’existence, de ses aléas, de ses vicissitudes, qui le rapproche d’un certain Bukowski.
Tout est dit.